Le marché de l’immobilier face à une baisse historique des taux d’intérêt
Du jamais vu. En juin 2021, les taux d’intérêt pour les emprunts immobiliers s’établissent à 1,06 % en moyenne. Certains crédits immobiliers sur 15 ans se négocient même sous la barre des 1 %, avec des taux de 0,86 %, voire de 0,64 % pour les meilleurs dossiers. Ces chiffres historiquement bas sauront-ils booster les envies d’achat des Françaises et des Français ?
Ils semblent bien loin, les taux d’intérêt à 5 % pour les crédits immobiliers constatés en 2008. Après des années de baisse continue, ces taux n’ont jamais été aussi bas. Selon les chiffres de l’Observatoire Crédit logement CSA, les taux d’intérêt moyens pour les crédits immobiliers ont encore baissé au deuxième trimestre 2021. En juin, ils s’établissent à 1,06 %, contre 1,15 % en décembre 2020, et 1,32 % en avril 2019. La chute semble inexorable.
Les raisons de la baisse des taux
Plusieurs raisons expliquent cette situation historique. La première est liée à la politique de la Banque centrale européenne (BCE). En 2016, cette dernière a baissé le taux Euribor, c’est-à-dire le taux d’intérêt utilisé lorsque les banques se prêtent de l’argent entre elles. Résultat : avec un taux Euribor désormais négatif, il devient inintéressant pour les établissements bancaires de se prêter mutuellement de l’argent. À la place, il leur paraît plus profitable de prêter aux particuliers et, pour stimuler la demande, il leur faut alors baisser les taux. De plus, la concurrence entre les banques oblige les établissements à diminuer encore leurs taux pour attirer les emprunteurs et emprunteuses.
Autre facteur à prendre en compte : la crise sanitaire a fait baisser les ventes de biens et donc les emprunts immobiliers en 2020. Or, la santé financière des banques et le volume d’argent qu’elles destinent au crédit n’ont pas diminué. Pour attirer les acquéreurs et acquéreuses, il leur faut donc à nouveau baisser les taux.
Vers une baisse des taux sans fin ?
Toutefois, cette situation ne pourra pas durer éternellement, selon plusieurs spécialistes. « On note une tendance de fond plutôt à la hausse légère dans les barèmes affichés par nos partenaires bancaires », témoigne Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux.com sur LCI. En effet, les crédits immobiliers doivent rester rentables pour les banques. Contrairement à certains États qui empruntent sur les marchés à des taux négatifs, il paraît donc peu probable que les crédits immobiliers franchissent un jour la barre du 0 %. Plusieurs expertes et experts prédisent ainsi un retour de la hausse des taux à partir de l’été 2021.
Bonne ou mauvaise nouvelle pour le marché de l’immobilier ?
Au premier abord, il semble que la baisse des taux d’intérêt soit une bonne nouvelle pour les professionnels de l’immobilier. C’est un argument de plus dans leur mallette pour convaincre les potentiels acquéreurs, et ainsi augmenter les ventes de biens immobiliers. Dans les faits, tout n’est pas aussi rose.
En effet, si on peut emprunter à des taux historiquement très bas, c’est pour s’engager sur des montants historiquement hauts. Le dernier baromètre LPI-Se Loger notait ainsi une hausse de 6,6 % des prix de l’immobilier en 2020 dans l’Hexagone. En conséquence, les ménages doivent emprunter des sommes plus importantes et pour plus longtemps. En juin 2021, la durée moyenne des crédits immobiliers était des de 237 mois, du jamais vu pour l’Observatoire Crédit Logement CSA. Depuis décembre 2020, cette durée moyenne a augmenté de 8 mois.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant de constater une baisse du nombre de crédits accordés par les banques. L’Observatoire Crédit Logement CSA relève ainsi une chute de 13,6 % des prêts accordés entre 2019 et 2021. Un véritable paradoxe à l’heure où les taux n’ont jamais été aussi attractifs, et un défi de plus pour les professionnels de l’immobilier. Face à des conditions d’octroi des crédits de plus en plus complexes, charge à eux d’accompagner et de convaincre les futurs acquéreurs pour réaliser leur rêve d’achat.