Élections municipales : que va changer la vague verte pour le secteur de l’immobilier ?
Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Poitiers, Annecy… à la suite du deuxième tour des élections municipales de juin 2020, les grandes villes passent au vert. Les candidates et candidats écologistes ont, en effet, raflé la majorité des sièges dans de nombreuses grandes communes. Dans leur programme : la fin de l’artificialisation des sols, l’encadrement des loyers, ou encore la rénovation thermique des bâtiments. Autant de mesures qui auront des conséquences directes sur les professionnels de l’immobilier.
Deux millions. C’est le nombre de Français et de Françaises qui vivent désormais dans des communes dirigées par des maires écologistes. Depuis les élections municipales de 2020, le parti Europe-Écologie-Les Verts (EELV) occupe la majorité des sièges dans les conseils municipaux de près de 29 communes. Presque toutes de grandes villes. Résultat : c’est toute la politique urbaine qui s’apprête à se transformer dans les mois à venir. Avec de multiples conséquences pour les acteurs de l’immobilier.
Le logement, au cœur du programme des écologistes
Véritable préoccupation de leurs concitoyennes et concitoyens, le logement a été mis au centre du débat dans de nombreuses villes, durant la campagne électorale. Et les nouveaux maires écologistes n’ont pas été en reste. À Strasbourg par exemple, la nouvelle édile, Jeanne Barseghian (EÉLV), promet un moratoire sur les expulsions locatives, à la fois dans le parc social et dans le parc privé. De quoi convaincre plus d’un propriétaire de souscrire une garantie des loyers impayés.
À Lyon et à Bordeaux, Grégory Doucet et Pierre Hurmic promettent d’encadrer les loyers, comme c’est déjà le cas à Paris et Lille, notamment. Ils espèrent ainsi favoriser l’accès au logement pour tous les foyers dans leurs villes. Ces dernières ont connu des hausses de loyers de 10,1 % l’an passé pour Lyon et de 6,9 % à Bordeaux, selon Se-Loger. Pourtant, la mesure divise chez les professionnels de l’immobilier. Certains craignent, en effet, que l’encadrement des loyers pousse les propriétaires à vendre leur bien, réduisant ainsi le parc de logements disponibles en location, alors que la demande augmente.
Repenser l’urbanisme
Mais les véritables changements promis par les nouveaux maires écologistes ont trait à l’urbanisme des villes françaises. Tous entendent freiner, voire stopper l’artificialisation des sols. Plusieurs projets immobiliers d’ampleur seront ainsi mis à l’arrêt. C’est le cas à Paris. Pour s’allier aux écologistes, la maire, Anne Hidalgo, a acté la fin du chantier Charenton-Bercy. Un projet qui prévoyait la construction de six tours, avec un millier de logements au sud-est de la capitale. À Lyon, les zones arborées seront désormais sanctuarisées. Un autre objectif de ces nouveaux maires : reconvertir les friches industrielles, et ainsi redynamiser des quartiers à l’abandon, ce qui entraînera, sans doute, une revalorisation des prix de l’immobilier dans ces zones.
À l’aube de rénovations thermiques massives ?
Autre chantier des maires écologistes : la rénovation thermique des bâtiments. Et l’ambition est là. À Poitiers, par exemple, les Verts espèrent diminuer de 50 % la consommation énergétique de leur territoire en 2050, par rapport à 2015. Pour y parvenir, les nouvelles et nouveaux élus annoncent vouloir augmenter les aides et les incitations destinées à convaincre les propriétaires de rénover les logements.
Mais le chantier est, en réalité, national. À la suite des propositions de la Convention citoyenne pour le climat, le désormais ancien ministre du Logement Julien Denormandie a ainsi missionné Philippe Pelletier et Frank Hovarka de la Fédération des promoteurs immobiliers. Leur mission : émettre des propositions d’ici fin juillet pour lancer un vaste plan de rénovation des logements dans l’Hexagone. Un plan qui sera, à terme, inclus dans le plan de relance économique que le gouvernement espère lancé d’ici la rentrée. “L’objectif est d’inciter plus de propriétaires, investisseurs, promoteurs et constructeurs à se tourner vers la rénovation. Ils sont souvent réticents, parce que les règles d’urbanisme sont trop compliquées, et la fiscalité pas assez incitative”, précise Philippe Pelletier au Figaro. Est-ce à dire qu’une simplification réglementaire et fiscale se prépare ? Affaire à suivre.