La Bretagne, nouvel eldorado sur le marché de l’immobilier
Un vent nouveau semble souffler sur le marché français de l’immobilier. Et ce vent vient de l’ouest. Après les épisodes de confinement, de plus en plus d’habitants et d’habitantes des grandes villes souhaitent déménager ou acheter des maisons secondaires en Bretagne. Dans la région, la demande explose, et les prix aussi. Décryptage.
Ruée sur la Bretagne
Voici un effet plutôt inattendu de la crise sanitaire. Alors que le marché de l’immobilier se pose de nombreuses questions sur son avenir, une région tire son épingle du jeu. En Bretagne, la demande explose. Depuis le premier confinement au printemps 2020, les Français et les Françaises des grandes villes se tournent massivement vers la pointe bretonne pour acheter des maisons secondaires et y télétravailler au calme. « Jusqu’à cette année, nous n’avions jamais rattrapé les chiffres atteints avant la crise immobilière de 2008, c’est une première », témoigne maître Olivier Gautier, président de la chambre des notaires du Finistère au Télégramme.
Un constat confirmé par les dernières données publiées par SeLoger. Selon le site d’annonces immobilières, la demande a bondi dans la région entre fin 2019 et fin 2020 : + 89 % pour Dinan, + 68 % pour Lorient, + 81 % pour Morlaix, + 65 % pour Quimper, etc.
L’envolée des prix de l’immobilier en Bretagne
Problème : cette hausse spectaculaire de la demande se confronte à une offre réduite. La crise sanitaire a, en effet, ralenti de nombreux projets de construction de logements neufs. « Cette pénurie des stocks qui dure depuis quelques mois déjà a été aggravée par l’attentisme pré-électoral des dernières municipales puis par la crise sanitaire, la grande majorité des montages de projets ayant été mis à l’arrêt lors du premier confinement. Aujourd’hui, en Bretagne, le marché immobilier neuf est donc largement sous-offreur », confirme Nicolas Verpeaux, président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Bretagne, interrogé par SeLoger.
Une offre réduite et une demande en hausse : il n’en faut pas plus pour que les prix grimpent dans la région. D’après la chambre des notaires du Finistère, les prix des biens immobiliers ont bondi entre 2019 et 2020, de 7 % à Brest, de 10 % pour les petites communes du littoral et de 14 % à Quimper. Même constat dans les autres départements de la région selon les Notaires de l’Ouest. Entre juin 2019 et juin 2020, le prix des appartements anciens dans le Morbihan a augmenté de 13 %. Les maisons anciennes, de leur côté, ont connu une hausse comprise entre 3 et 6 %, selon les départements de Bretagne.
Recherche maison ancienne pour télétravailler
Cette hausse de la demande et des prix concerne, en effet, deux profils très particuliers de biens. En premier lieu, les nouveaux acquéreurs se tournent vers les maisons anciennes : ces biens représentent ainsi 63 % des ventes dans le bassin du Quimperlé, selon la chambre des notaires du Finistère. D’autre part, les appartements avec terrasse ou balcon séduisent acheteurs et acheteuses. « Le produit phare, c’est clairement la maison avec jardin. Les appartements avec terrasse sont également très recherchés. Ces deux types de biens étaient déjà prisés avant la crise sanitaire, mais ils le sont encore plus aujourd’hui », explique Sylvain Cresteaux, agent immobilier à Saint-Brieuc.
Face aux mesures sanitaires et aux confinements, les habitants des grandes villes recherchent, en effet, des logements au vert et au calme. Tant qu’à s’isoler et à télétravailler, autant le faire dans de grands espaces agréables, proches de l’océan. Et la Bretagne propose justement de nombreux biens loin de l’agitation des villes. À tel point que certains sont prêts à acheter sur simples photos. « On a eu des personnes qui étaient prêtes à acheter sans visiter, c’est assez impressionnant », relate David Magnin, responsable d’agence immobilière à France Info.
20 % de Franciliens
Si la Bretagne attire plus que les autres régions rurales, c’est notamment grâce à l’arrivée récente du TGV à Rennes. Désormais la ville est à 1 h 30 de Paris, ce qui pousse de nombreux Franciliens à investir dans la région. « Aujourd’hui, on peut parfaitement habiter en Bretagne et travailler pour une entreprise basée en Île-de-France. Selon nos données, (…) entre 15 et 20 % des acheteurs sont Franciliens », explique le président de la Fédération des promoteurs immobiliers de Bretagne. Moins chère que la région parisienne, plus calme que les grandes villes, proche de l’océan, la Bretagne réunit ainsi tous les ingrédients pour séduire citadins et citadines en quête de sérénité.